dimanche 1 octobre 2006

SATANIK n°16 : Assassinat d'un président

(Ponzoni, 1967)
Auteur : anonyme

Note de l'Hippopotable : ****

Dans notre précédente chronique, il était question d'élevation spirituelle ; préparez-vous, lecteurs, à découvrir maintenant les plus noires abysses de la littérature "pour adultes", où la violence de la débauche et l'infâmie du crime ont un seul nom : SATANIK !


Si vous n'êtes pas certain de pouvoir supporter la vue de personnes du beau sexe en soutien-gorge et d'adipeux gangsters étranglés dans leur baignoire, il est encore temps de découvrir un roman photo plus plaisant en cliquant ici.

Sinon, bienvenue dans l'univers de Satanik.

Mais qui au juste est ce personnage ? Un Fantomas pervers, un serial killer en justaucorps, un fan de rock gothique ? Lisons plutôt la description officielle de cet anti-héros :


Pas bien rassurant, n'est-ce pas ?
Gageons que vous ne voudriez pour rien au monde être à la place de ce gros lard :




Trait de génie de Satanik : nul ne connait son visage, grace à son déguisement de squelette . Mais comme un tel costume peut s'avérer embarrassant dans la vie quotidienne, Satanik le dissimule à son tour, généralement sous des tenues plus discrètes.

Second trait de génie : il peut à son gré prendre l'apparence de ses adversaires, à l'aide de masques en latex dont il use et abuse à longueur de roman-photo.


Plus que le masque morbide qui recouvre ses traits, plus que la violence torride et l'érotisme gratuit qui émaillent ses aventures, Satanik effraie et fascine le lecteur par la lourdeur de son style.
Un vocabulaire ampoulé (les adjoints des gangsters y sont invariablement des "sicaires") y cotoie des répliques au ton plus familier, avec un net penchant pour l'emploi de l'impératif :

"Ris donc, gros lard ! Tu n'en as plus pour longtemps" !
"Avance, catin"
"Rengaine ton flingue, sinon je lui troue la cervelle"

"les morts ne jactent pas"
"Ton heure a sonné, bâtard, Satan t'attend pour te prendre à son service"



Mais le plus étonnant dans ces fascicules, c'est que Satanik y anime également les pages courrier. Le génie du crime arrondissait-il ses fins de mois en pigeant pour les éditions Ponzoni ?

Ainsi, en réponse à Antoine Inglebert, de Lourdes, Satanik précise "Non, non et non, je ne vend pas de collants noirs, si vous en voulez, fabriquez-les vous même !"

Il n'hésite pas également à donner des conseils sentimentaux, comme lorsqu'il répond à Odette B. de Nantes , qui voudrait que son petit ami se comporte "comme un homme, non seulement avec elle, mais aussi en société où on le prend pour un nigaud".

Génie du mal, tueur polymorphe, mais aussi conseiller des cœurs en peine : quel dommage que Satanik ait dû interrompre ses aventures en 1967, au 19eme opus, fauché en pleine gloire, ni par le FBI, ni par la mafia, mais par la "commission chargée de la surveillance et du contrôle des publications destinées à l'enfance et à l'adolescence."




Un ouvrage indispensable